mardi 12 février 2013

Coup de barre, j'Ecrins le pire


Coup de barre, j'écrins le pire!

Ouverture d'une ligne en face Sud de la Barre des Ecrins avec Pierre Labbre et Max Bonniot. ED+, VI, 6, M6, 6b, A1+.

En ce début d'automne, à la fin d'une saison bien remplie, l'envie de repartir en montagne pour une belle et grande aventure avec les copains réapparait peu à peu. Mais malgré les belles conditions, les aléas météo et les occupations diverses et variées des uns et des autres rendent plus compliqué les occasions de se retrouver là haut.
En ce début novembre, les conditions semblent pourtant réunis. Un séjour à Saint Léger du Ventoux permet de souder une belle équipe pour se lancer dans un projet un peu ambitieux! Mais quel bonheur de partir en montagne avec ces deux amis, dotés tous les deux d'un niveau technique incroyable, d'un humour acéré et d'une bonne humeur permanente! Je suis certain de passer un très bon moment de montagne...
Par contre, concernant notre projet, de nombreuses questions subsistent : y aura-t-il de la glace? Ne fera-t-il pas trop chaud? N'est-ce pas trop difficile et trop exposée? Enfin plein d'interrogations qui ne nous pousse pas à l'optimisme!
Cette ligne fut repérée et convoitée par Max depuis quelque temps. Pour ma part évoluant régulièrement dans le secteur, je savais qu'il existait quelque chose à faire par là bas et on se disait bien que l'automne et notamment le mois de novembre semblait être la meilleur période pour se lancer dans cette aventure.
La stratégie est longuement réfléchie et, face sud oblige, une journée plus ou moins couverte nous conviendrait vraiment bien! Enfin couverte, j'ai pas dit tempête! 
Le départ du col des avalanches, puis la redescente dans le couloir du même nom, nous semblent l'approche la plus rapide et la plus sur. C'est donc parti pour une longue randonnée de 1800 m depuis la bérarde avec des bons gros sacs. On arrive au col en fin d'après midi et le soleil d'ouest nous réchauffe tranquillement pendant que l'on creuse notre lit d'un soir. Une nuit frisquette, un lever à 4 heures et nous voici dans l'action.
La descente de couloir n'est pas trop compliqué et nous dépose rapidement au pied des premières longueurs communes avec la voie mythique du secteur, la fameuse Gabarrou-Marsigny! Quelle ligne et quelle audace de réaliser ça en juillet 1980! Bravo François!
Un petit instant pour réfléchir à la suite de notre aventure, et malgré les gros doutes, nous décidons de nous engager dans la ligne de droite. Les première longueurs, du mixte pas trop difficile, mais toujours délicat à protéger, nous posent au premier de la première longueurs clef, un passage de rocher et un petit cigare, dont la glace est d'une couleur bien douteuse! Viens ensuite la longueurs clef, celle qui nous aura hanté tout la journée avec son départ rocheux déversant et son cigare suspendu, avec toujours une glace bien particulière. C'est le moment le plus délicat le "ça passe ou ça casse"! A ce moment, on se demande tous, surtout moi, ce que nous faisons ici, sous une longueur qui nous rappelle Gramusat dans ces lignes les plus difficiles! Finalement, malgré une petite frayeur du au "très bon rocher" des Ecrins, nous nous retrouvons tous les 3 au relais et nous décidons de sortir au plus vite par le haut de cette souricière. A partir de là, le "voile nuageux" annoncé s'installe et se transforme très rapidement en tempête avec un brouillard à couper au couteau et une neige qui nous fouette le visage. Les longueurs qui suivent se révèle toujours aussi soutenue mais nous avançons tranquillement avant de prendre pied sur la pente de neige sommitale que nous remontons non sans peine. Le sommet de la Barre est atteint vers 17h et la joie de courte durée laisse place à une concentration indispensable pour descendre par la traversée de la Barre et la face Sud du Dôme sans rien voir à 10m!
Avec un peu de chance et un bon GPS, nous sommes de retour au bivouac vers 3h du matin et nous décidons de rejoindre le refuge de Temple Ecrins pour finir notre courte nuit. 
Voila donc une bien belle aventure, je suis heureux de l'avoir vécu avec ces deux supers potes mais nous avons tout les trois ressentis que nous avons bien poussé le "bouchon", et que nous avons,  pour cette fois-ci, eu pas mal de chance! A ne pas refaire trop souvent!



Un superbe film a voir sur le blog de Max : http://maxbonniot.blogspot.fr/2012/11/goulotte-ecrins.html








1 commentaire:

  1. Très impressionnant! MAis finalement c'est avec les photos qu'on se rend mieux compte plutot que le film...

    RépondreSupprimer