dimanche 21 juillet 2013

Enchainement Face Nord du Râteau et Face Nord de la Meije... Dans la journée.

Le 26 Juin 2013,

Assis sur la terrasse du bar à la Grave, une des capitales de l'alpinisme dans les Ecrins, on ne voit qu'elles! ElleS, car ce n'est plus une, mais deux belles convoitées, ce sont, bien sûr, les faces nord du Rateau et de la Meije! Je ne sais pas si l'idée est venue de là, mais quand Mathieu Maynadier (mémé!), grand alpiniste et super compagnon de cordée, m'a parlé de ce projet, j'ai tout de suite était emballé! 

Le projet était donc de relier et de gravir, en une seule journée, la face nord du Rateau et la face nord de la Meije. Ne restait plus qu'à choisir les voies à gravir et trouver la période pour se lancer dans cette aventure. Avec nos emplois du temps un peu compliqués au début de la saison d'été, et la nécessité de trouver la montagne dans de belles conditions, nous décidons de nous bloquer la dernière semaine de juin pour tenter le coup. Fonctionner ainsi est toujours un peu hasardeux et le risque est de refuser du travail pour finalement avoir une semaine pourrie où l'on ne pourra rien faire! Mais la montagne est ainsi et il nous semble que le jeu en vaut vraiment la chandelle!

Auparavant, il nous faudra nous entrainer sérieusement et passer du temps en montagne pour encaisser l'effort demandé par ces 2 ascensions. C'est ce que nous feront ce printemps, alternant les courses en montagne (goulotte Boivin, "raie des fesses" et but au pic sans nom par exemple)  et les sorties escalade, rando à ski et VTT. 
Au delà de la préparation physique, il nous faut aussi organiser la stratégie et repérer les liaisons qui ne sont vraiment pas à négliger. Vendredi dernier, nous profitons d'une journée pour traverser le Râteau d'Ouest en Est. Nous montons vite au sommet Ouest mais la chaleur rend les conditions de la traversée très délicate et nous y passerons beaucoup plus de temps que prévu, loupant la benne du téléphérique et perdant dans l'affaire, un bonne dose de confiance et de motivation! 

Mais les faits sont là, la météo semble au beau fixe pour cette semaine et le refroidissement attendue est bien là! Il faut tenter le coup.
Le choix des courses est un autre paramètre à prendre en compte. Les conditions de neige de ce printemps nous poussent à choisir des voies à dominante mixte, les faces rocheuses étant trop enneigé. Les dernières infos des grimpeurs des équipes Slovène d'alpinisme, qui ont récemment grimpés ces faces, nous poussent à la prudence. Nous choisissons donc de grimper la goulotte Allera/Pelatan en face nord du Rateau (TD, 400m, malgré le fait de sortir au sommet Ouest et de se "retaper" toute la traversée du Rateau!) et de partir pour le Z (D+, 700m), en face nord de la Meije, avec une sortie au sommet.
Enfin, pour nous assurer un ravitaillement à la moitié du périple, c'est Guillaume Vallot (grand journaliste qui peinent à sortir de son Queyras!) et Marion qui nous rejoindrons au sommet des Enfetchores.

Mardi soir, nous prenons la dernière benne du téléphérique et nous passerons une superbe soirée dans le restaurant d'altitude, grâce à la gentillesse du patron qui nous ouvre ses portes.
Mercredi, départ 3 h, avec des doutes pleins la tête. La lune est avec nous et nous permet de bien voir. À 3H30, nous sommes à la brèche des Pan de Rideau. Nous descendons la pente et attaquons la goulotte. Les conditions sont excellentes, il fait grand beau, frais, mais il n'y a pas de vent. La face est un peu plus sèche dans le haut mais nous sortons à la brèche à 7h15. Nous attaquons la traversée du râteau. Les vieilles traces de vendredi ont bien regelés et nous permettent de progresser assez rapidement, mais qu'elle est longue cette arête. A 10h30, nous sommes au sommet Est et nous continuons par l'arête Nord Est pour rejoindre le haut des Enfecthores vers 11h30, où nous attendent Marion et Guillaume. Un super moment en leur compagnie, où nous nous ravitaillons avant de remonter au pied de la face nord de la Meije. 

Nous sommes à la rimaye du Z à 13h. Les conditions semblent excellentes, on aperçoit même des parties avec des traces comme des escaliers. La forme est toujours là, et nous remontons une grande partie à corde tendue pour déboucher à la brèche du glacier carrée 2h30 plus tard! On rejoint alors la voie normale et nous atteignons le sommet de la Meije à 16H30. Un grand moment vraiment particulier pour tout les 2! On savoure le sommet et cet enchainement qui s'est vraiment parfaitement déroulé. 
Il ne nous reste plus que la descente par la voie normale, pour rejoindre le refuge du promontoire où nous attendent Guillaume et Marion ainsi que Freddy et Nath, les 2 supers gardiens. Nous passeront avec eux, une superbe soirée bien arrosée pour fêter ce bel enchainement.
Merci encore à Guillaume et Marion, pour leur aide, à Freddy et Nath, pour leur accueil et leur gentillesse, et à Simond , pour le super matos!

Les 2 faces Nord 

Au ravitaillement






Sortie de la Allera Pelatan



Arete Nord Est du Rateau

Dans le Z

Sommet de la Meije


Au refuge. Content!






Pic sans Nom, goulotte "raie des fesses".

L'objectif de ma sortie précédente à ski était de repérer les conditions dans cette goulotte mythique. En redescendant, enthousiaste, je téléphonais directement à Clem, grand amateur de parcours givrés et bon alpiniste. Cette ligne fait partie de nos projets communs et au vu des conditions, ça vaut le coup de tenter notre chance!
Rendez vous pris pour le samedi 2 juillet à la maison. Apres un repas léger et une courte nuit, nous décollons de la maison à 2H45. Etrange vision que ces gens qui sortent de boite de nuit, dans la zone industrielle que nous traversons, alors que notre journée commence à peine!
Départ du pré de Mme Carles, à ski, à 3H30. Le temps est parfait, il fait frais, grand beau et pas un brin de vent. Après 3 h de marche, nous approchons du but. Une pause thé et casse croute et nous attaquons la premiere longueur, la plus difficile. Les conditions sont top, la glace est abondante et l'on peut correctement se protéger, ce qui est rare dans cet itinéraire. Se succèdent des longueurs très encaissées, avec pas mal de ressaut vertical. Magnifique, quel ambiance!!!
Clem se débrouille comme un champion, malgré les 1200 m de dénivelé d'approche dans les jambes! A 11H30, nous sommes au sommet de la goulotte, la moitié du chemin, mais définitivement heureux de cette ascension. Les rappels s'enchainent tout aussi rapidement et nous rejoignons nos affaire vers 13H30. Une descente à ski un peu "sport" mais rondement menée et nous pouvons enfin savourer la bière à Vallouise et cette course qui s'est parfaitement déroulée!!!
Merci à toi Clem et vraiment bravo! En route vers de nouveaux projets, je ne me fais plus aucun souci!


Le Clem... Heureux!
 





 







But au Pic sans Nom


Avec encore beaucoup de retard, je me remotive pour mettre ce blog à jour... Je commence par la fin du mois de Mai, changement d'ambiance...

En ces temps de météo instable, l'hiver joue vraiment les prolongations. Bien malheureux sont les skieurs et les grimpeurs qui rêvent de belles journées ensoleillés mais ces conditions permettent aussi de créer des lignes de glace ou de neige éphémères et improbables… A la suite d'une belle matinée qui me permet de monter faire une randonnée à ski dans le temple du glacier noir, je repère en descendant une ligne de placage qui semble se dessiner dans la face nord du Pic Sans Nom, sous la niche centrale. Beaucoup d'incertitude dans ce projet, mais moyennant quelques traversées et un cheminement tortueux il semble que ça puisse faire! Dans ces cas là, à distance, c'est très difficile d'analyser la consistance de la neige ou l'épaisseur de glace. Si bien que, dans ce genre de projet, il est facile de trouver des excuses qui nous permettent de rester tranquillement au chaud à la maison!
Mais après une longue saison d'hiver, j'ai vraiment envie de faire une belle journée de montagne entre potes. Je me doute bien qu'il y a peu de chance de réussir mais accepter l'incertitude est indissociable de la pratique alpine, qui plus est dans le parcours de nouveaux itinéraires.

Parce qu'il faut parfois savoir saisir les opportunités, nous voila donc parti avec Phillipe André, grand guide des Ecrins, pour le glacier noir. Départ 3H30 du Pré de Mme Carles. 2 h de peau de phoque, à la pleine lune, nous amène au pied de la face. Le froid est mordant en cette fin de mois de mai, et c'est plutôt rassurant pour s'engager dans cette paroi. J'attaque par une longueur de pure glace qui ne semble pas trop difficile vu du bas mais qui se révèle pas si facile au vu de la qualité et de l'epaisseur de la glace. la suite est un système de ressaut de glace et de pente de neige qui nous permette de progresser plus rapidement. 
A partir de là, les longueurs se redressent et les placages sont de plus en plus fins. Dans ce terrain pas déroulant, nous rattrape une évidence! Le rocher des Ecrins, fait de dalles compactes et très peu fissurées, nous permet difficilement de nous protéger. Ainsi, faire un relais demande un certain temps et une certaine expérience! Au bout de 3 longueurs, assez psychologiques, nous nous retrouvons, une fois de plus, face à un passage pas extrême mais bien exposé. Plus on monte, plus la neige, qui avait une certaine cohésion dans le bas, devient pulvérulente. Au vu du relais "moyen" en dessous, je décide de traverser plus à gauche pour trouver une issue plus facile. Au bout de 50 m de traversée et devant l'absence de passe "évident", nous décidons de redescendre, signant notre but au Pics Sans Nom! Prendre une décision comme celle-ci n'est jamais facile mais je pense sincèrement que cela fait partie du jeu et qu'il faut se focaliser sur les points positifs de cette expérience : une belle journée de montagne, quelques belles longueurs, partagées entre potes!
Au cours de la descente, je me demande si cette tentative était une vraie bonne idée ou si l'interprétation de la ligne avait été déformé par la grande envie que j'avais d'aller en montagne! 
J'apprendrai quelques jours plus tard, qu'une cordée de deux très forts alpinistes avec une immense expérience du massif, Arnaud Guillaume et Sylvain Rivoire ont eu la même idée, le même jour, mais sans concrétiser leur tentative! Cela me rassure donc sur mon analyse même si je pense que les conditions dans ce type de course sont toujours vraiment difficile à évaluer. En tout cas, le retour du beau temps laisse présager d'autres belles journées de montagne...



LE Grand Phillipe


Au pied de la face