Apres quelques 7 semaines au Népal et pas mal de rebondissements, nous voici de retour à la maison...
Je voulais sincèrement tous vous remercier de nous avoir suivi et surtout pour nous avoir envoyer tant de messages et de mails d'encouragements! Je peux vous assurer que ça nous a beaucoup touché et motivé!!!
Pour ma part, je repars dans une semaine direction le soleil et la chaleur, en Jordanie.
Encore merci à tous et bonne fin d'automne.
Au plaisir de vous croiser
Mat
Voyage
au bout de la peine…
Le 11 septembre, après
un voyage sans encombre, nous voici tous les quatre à Katmandu où nous sirotons
tranquillement une bière dans un restaurant bien calme à l'écart du
bouillonnement de Thamel.
Cette vallée, où
vivent encore tranquillement de nombreux sherpas, est située à l'ouest du
Khumbu, un peu à l'écart de son agitation.
Après une nuit au bout
de cette nouvelle route qui permet la construction d'un complexe
hydro-électrique monstrueux, nous prenons la direction de Simi Gaon, superbe
petit village, situé à l'entrée de la vallée.
Nous voici donc
directement dans le vif du sujet. Du lodge, nous apercevons la face sud du
Gaurishankar, cet objectif qui va nous occuper tout au long des prochaines
semaines.
Objectif
acclimatation
Mais d'ici là, nous
avons plus de quinze jours pour nous acclimater dans le fond de la vallée,
avant de rejoindre les porteurs et toute l'équipe, au début du mois d'octobre
et de nous installer au camp de base. Les trois jours qui suivent se passent
simplement, malgré les quelques combats contre les sangsues, encore bien
présentes en cette saison!
Le 16 septembre, nous
arrivons à Beding, village Sherpa à 3600 m et nous faisons la rencontre de
Tenzi, qui va nous héberger durant toute l'acclimatation. A cette période, les
touristes ne sont pas encore arrivés dans la vallée et tout le monde est afféré
aux récoltes, un peu plus haut, au village de Na, à 4200 m.
Nous le rejoignions deux
jours plus tard et nous logerons chez sa fille et son gendre, dans le
"salon", pour les 12 prochains jours ! Du point de vue météo, il fait
plutôt beau le matin, bien que nous soyons en période de mousson. Régulièrement
les nuages nous rattrapent les après-midi et nous offrent des beaux orages
pendant les nuits !
Après quelques jours
de repos et de balades autour du village, nous décidons de partir nous
acclimater en direction du Tashi lapsa, col assez facile qui permet de
rejoindre le Khumbu et plus précisément le village de Thame. C'est un passage
bien fréquenté qui devrait nous permettre de monter facilement jusqu'à 5 500 m
afin de nous acclimater tranquillement. Après une nuit à 4 900 m, au dessus du
lac de Thso Rolpa, c'est très chargés que nous commençons à traverser le
glacier bien tourmenté pour atteindre la rive droite, sur laquelle on doit
monter pour rejoindre le col. Au bout du glacier, nous avons du mal à trouver
un passage dans ce terrain chaotique et même parfois exposé. De plus, nous
avons marché 4 heures lourdement chargés et nous n'avons toujours pris un mètre
de dénivelé ! Nous comprenons alors que nous avons bien fait "de la
peine", comme on dit chez nous !!! C'est donc demi-tour direction notre
premier bivouac pour repasser une seconde nuit à 4 900 m.
De retour à Na, le
mauvais temps est annoncé et cela complique un peu nos projets pour monter en
altitude. Décidément notre acclimatation ne se passe pas tout à fait comme
prévu. Nous décidons alors de redescendre à Beding pour pouvoir atteindre plus
facilement un col à 5 700m d'altitude, le "Melung La". Ce col, situé
sur la frontière entre le Népal et le Tibet, est traversé depuis des centaines
d'années par des caravaniers avec des Yaks... On a enfin un espoir de pouvoir y
arriver !!!
Du col, si l'on peut,
on essaiera de grimper un peu sur les flancs du Chekigo, sommet plutôt
accessible à 6 200 m.
Après une autre nuit à
5 000 m, nous commençons l'ascension. Là encore, tout se passe comme prévu, un
épais brouillard nous enveloppe et en quelque minutes on y voit pas à dix mètres
!!! Mais pas de souci, on a le GPS…
Ah non, c'est vrai,
les piles ont rouillées ! Sur ce glacier bien crevassé, c'est reparti, on fait
de la "peine"! Mais cette fois-ci, avec un peu d'intuition, de
lecture de carte et beaucoup de chance, on atteint le col, juste au moment
d'une petite éclaircie.
La nuit se passe
plutôt bien et le réveil avec le beau temps nous réconforte. On marche quelques
mètres au dessus du camp, mais très vite les nuages et surtout le mauvais temps
annoncé nous poussent à faire demi tour.
A la mi-journée, nous
sommes de retour à Beding, chez Tenzi, où nous profitons d'un peu de repos. Au
cours de cette période, nous voulions monter dormir plus haut et surtout
atteindre au moins 6 000 m. Malheureusement, malgré notre bonne forme et notre
motivation, le rendez-vous avec l'agence est dans deux jours et nous ne pouvons
plus repartir en montagne.
Laborieuse montée
au camp de base…
Le 29 septembre au
matin, le rendez-vous est donc fixé au pont d'où part la vallée qui mène au
pied de la face sud du Gaurishankar. Comme prévu (!), nous retrouvons le Sirdar
et les porteurs en amont de ce pont, tout étonné de nous voir ici !!!
Ils n'ont pas l'air de
bien connaitre le coin! Demi-tour jusqu'au fameux pont où la vue de la gorge
nous laisse perplexe sur une possibilité de trouver un chemin facile. Nous
installons le camp à cet endroit et nous partons tous les quatre repérer le
fameux accès à la face sud. Dès les premiers mètres, nous évoluons dans des
pentes d'herbe très raides et touffues qui nous obligent à avancer à l'aide du
fameux "khukuri", la machette népalaise. Au vue de l'exposition de
certains passages, où l'on grimpe sur des touffes d'herbes au milieu des
rochers, nous sommes obligés de redescendre chercher notre matos et les cordes
que l'on a emportées pour fixer les passages le plus dangereux.
Ah oui, j'oubliais, en
plus, il pleut ce qui n'arrange pas nos affaires !
De "la
peine" je vous dis ! Après une longue journée bien fatigante, nous savons
que nous ne sommes pas au bout des difficultés mais il nous semble quand même
apercevoir un terrain plus "classique" pour la suite. Il va falloir
expliquer tout cela à l'équipe et surtout préparer les porteurs. “Exit” donc le
chauffage et sa bouteille de gaz, les litres de coca et de bières, les tentes
supplémentaires... Il faut vraiment alléger les porteurs au maximum, on fera
sans !
Le 30 septembre, c'est
le départ. Finalement, après avoir assuré tous les porteurs sur un passage
vraiment exposé, la suite se déroule plutôt bien sous la pluie battante, à
l'aide des cordes fixées la veille. Ces gens sont vraiment hallucinants ! Sur
ce terrain, en claquettes ou pieds nus, ils ont le pied sûr.
A la tombée de la
nuit, nous atteignons le camp de base, situé au milieu des fougères, abrité par
un gros bloc, à l'altitude de 3 800 m. Tout le monde est crevé. Nous espérons
pouvoir monter le camp de base plus haut mais tous les porteurs refusent de
continuer et nous compatissons.
Le lendemain, alors que toute
l'équipe redescend, nous en profitons pour nous installer plus confortablement
au camp de base. Les jours qui suivent nous permettent de nous reposer. De
toute façon, il fait gris et il pleut tous les jours.
Repérages…
Au bout de quatre
jours d'inactivité, nous décidons d'essayer de monter au pied de la face, que
l'on a entreaperçue quelques minutes seulement. Le chemin d'accès, au milieu
des cascades impressionnantes n'est pas facile à trouver. Là aussi nous
perfectionnons notre évolution dans les faces raides parsemées de touffe
d'herbes ! Un point GPS au dépôt de matériel et c'est la descente.
La météo n'est pas au
beau fixe, c'est le moins qu'on puisse dire, et les longues journées d'attentes
commencent à se faire pénibles. Bref, on refait de la peine !!! Le 10
octobre, notre routeur nous annonce un créneau de beau temps.
Nous sommes à bloc !
Puis, au fur et à mesure des bulletins, il se réduit pour se transformer en
seulement deux jours de beau. Soit ! Nous en profiterons pour grimper un peu
dans la voie, parfaire notre acclimatation, et pourquoi pas laisser un peu de
matériel pour la prochaine tentative. Une nuit au pied et c'est vers 5 h que
nous décollons du bivouac. Le début se passe plutôt bien jusqu'à l'attaque de
la cascade, qui marque le début des difficultés. Le soleil commence à chauffer
dans cette face sud et la qualité de la glace s'en trouve altérée. En plus de
cela, nous avions imaginé des longueurs beaucoup moins raides. Encore une fois
la taille et la verticalité des montagnes himalayennes nous surprennent ! Après
une longueur de glace raide et délicate, nous trouvons un emplacement de
bivouac correct. Il est tôt, et malgré la chaleur, nous voulons encore
continuer à grimper. Nous sortons de la cascade et attaquons des pentes de
neiges encore bien raides. Très vite les cumulus sont de retour et nous donnent
quelques flocons de neige. Rapidement les spindrift (petites avalanches)
laissent place au flocons et nous poussent à faire demi tour.
Nous sommes à 5800 m
et la suite, quoique plus difficile que prévu est bien encourageante. Nous
redescendons donc au bivouac, 200 mètres plus bas et nous commençons le terrassement
pour placer nos deux petites tentes. Un lever très tôt nous permet de descendre
jusqu'au camp avancé sans voir tomber de projectiles. Nous sommes un peu déçus
de n'avoir pas grimpé un peu plus haut, mais au moins, pour la prochaine
tentative, nous avons laissé un peu de matériel et tout sera ainsi optimisé.
Retour au camp de
base, douche et bonne bouffe pour récupérer. Il nous reste dix jours pour avoir
un créneau météo, cela nous semble encore possible.
L'attente…
Puis les journées
passent tranquillement, dans les mauvais temps. On est au Népal depuis cinq
semaines et l'on a eu que deux vraies journées de soleil… C'est un peu rude
pour notre motivation ! Au rythme des parties de coinches, des apéros, de la
lecture de tous les livres que l'on a sous la main, des discussions enflammées
sur des sujets divers et variés, les journées se déroulent lentement. Toujours
pas de créneau en vue... On ronge notre frein !
Tentative…
A une semaine de notre
départ, notre routeur nous annonce une hypothétique fenêtre de beau temps. On
se décide à partir dès que possible. Tout est prêt. Il doit neigeoter un peu le
jour de notre montée au camp avancé, on décide de prendre une tente pour nous
abriter.
Lever à deux heures
dans un étrange silence. On entrouvre la tente, en fait, il neige, déjà quinze
centimètres de neige tout autour de nous. Impossible de partir dans ces
conditions. On décide d'attendre un peu et de se relever à 3 h, puis à 4 h,
puis à 5 h…
Toujours beaucoup de
neige, il est vraiment impossible de grimper. L'ambiance dans la tente est au
plus bas, nous sommes vraiment démotivés. Nous décidons d'appeler notre
routeur, il nous reste 6 jours avant l'arrivée des porteurs et nous sentons que
nous ne pourrons même pas tenter notre chance... horrible !
On redescend au camp
de base, 1300 mètres plus bas. Comme on dit, on fait encore de la peine !!!
Dernière chance …
S'il reste un espoir,
il faut remonter au camp avancé le lendemain et grimper ensuite, sachant qu'au
mieux, les porteurs seront là le jour ou l'on pense être au sommet. On en prend
le risque car, pour une fois, la météo se décide de se mettre au beau, plutôt
fixe.
Remontée au camp
avancé. Re-réveil à 2 heures… il fait grand beau !
Feu, nous attaquons la
première partie assez légers et nous progressons assez vite. Les conditions de
glace et de neige sont excellentes. Au petit matin, nous rejoignons le point de
dépôt de matériel laissé lors de notre précédente tentative.
Les longueurs
suivantes nous opposent de sérieuses difficultés : neige raide, glace
inconsistante, rocher pourri et exposition sont au menu. Mais vers 16 h, nous
atteignons l'endroit où nous avions repéré un potentiel bivouac. Parfait,
l'emplacement est plutôt correct et nous posons la tente après un peu de
terrassement.
Le lendemain, réveil
4h car il nous faut grimper tôt au vu de la chaleur de la journée. Nous
finissons la cascade technique et nous voila sur la rampe, au pied du beau
pilier sommital. Les longueurs s'enchaînent plutôt bien, mais cette partie, que
nous imaginions presque skiable, est en fait un grand toboggan de glace bleu à
60/70°, qui nous défouraille les mollets !!! Toujours cet effet Himalaya !
A la tombée du jour,
vers 18h, nous trouvons un emplacement de bivouac plutôt correct, le premier de
la journée. Nous sommes à 6500 m. Le rituel est bien rodé : terrassement, fonte
de la neige, repas et dodo. Pour la suite, notre stratégie est simple,
nous devons être rapide, les porteurs seront là le lendemain. Nous laisserons toutes
les affaires au bivouac et nous tenterons un assaut au sommet avec le minimum :
un thermos et une doudoune chacun.
Départ à 5 h. Le
terrain devient un peu plus compliqué, plus mixte. Nous enchaînons quand les
longueurs même si notre rythme est ralenti. Nous sommes maintenant au pied du
passage qui nous inquiétait. Un mur très raide, en rocher compact, d'une
trentaine de mètres.
Premier essai, le
passage est trop complexe à protéger, le mixte trop difficile.
A droite, il y a une
fissure, on tente le coup. Avec un peu d'artif et d'escalade délicate, on
parvient à passer, c'est le bonheur, la fin semble plus évidente.
Quelques longueurs de
neige plus loin, nous débarquons au col, avec un vent glacial.
Enfin, le sommet
est là, à portée de main !!!
C'est magnifique, sur
ce sommet isolé, à près de 7000 mètres, on peut admirer une grande partie de
l'Himalaya. C'est vraiment un moment particulier pour chacun d'entre nous,
après tous ces efforts et ces journées d'attente.
On restera environ une
heure au sommet pour profiter de ce spectacle mais la réalité nous rattrape, il
est 17 heures et il nous faut descendre de ce promontoire magique.
La suite se passera
sans trop de souci et c'est à 4h du matin, soit 24h après notre réveil que nous
rejoindrons le camp avancé pour se reposer sereinement.
A partir de là, tout
s'accélérera, il faut plier et quitter le camp de base, rentrer à Katmandhu
pour savourer la première douche et le premier restaurant !
Et pour conclure
l'aventure, on loupera notre correspondance sur l'avion de retour, retardant
une dernière fois, la fin de ce voyage au bout de la peine…
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